La flûte Kaval

Le Kaval, membre de la famille des Kavalflûtes obliques, est un instrument peu connu.
Il est le fruit du métissage dont a bénéficié la Bulgarie, par l’influence ottomane.
Descendant direct du Ney turc, il en a gardé le type d’embouchure, procurant un son à la fois éthéré et chaud, son « grain » spécifique, tout en devenant chromatique pour s’adapter aux gammes occidentales.
C’est un instrument métis, fruit du mélange des cultures, dont le son ancestral, rugueux et riche en harmoniques porte l’esprit de traditions musicales ancestrales, mais ouvert aux musiques du monde d’aujourd’hui.

Il sait s’adapter à tout genre de situation, peut merveilleusement interpréter des mélodies traditionnelles des Balkans à l’Irlande, ou accompagnant tout type de formation jazz, classique, pop.

J’ai découvert cet instrument au fil des rencontres et de mes recherches sur les musiques traditionnelles du monde. Ayant expérimenté toutes sortes de flûtes ethniques, c’est d’abord le Ney qui m’a passionné avec sa sonorité envoûtante. Puis j’ai continué avec le Kaval car je pouvais m’exprimer plus profondément et librement, m’affranchissant du contexte, pour trouver ma propre voie, mon expression intime, intuitive.
Le son recherché est un « entre deux » : on se positionne entre les deux octaves et l’on cherche le juste milieu entre la note et son octave inférieure, parfois atteignant un équilibre fragile, comme sur le fil du rasoir.
De cette fragilité découle un état d’ouverture, un lâcher-prise, un accès direct à l’émotion.
Chaque fois que l’on veut jouer de cette flûte, il faut l’apprivoiser à nouveau, elle garde une part indomptée.
Là est le paradoxe : un simple tuyau avec des trous, de la famille des premières flûtes de bergers de l’humanité, devient un instrument subtil aux nuances infinies, avec ses secrets bien gardés…
Parmi ses secrets, il y a la technique du souffle continu, connue dans la pratique du didgeridoo, utilisée parfois avec les cuivres ou  la clarinette, mais beaucoup plus délicate à réaliser avec ce type d’embouchure.
Je ne cesse d’être impressionné par l’inspiration que m’apportent le son et les possibilités de cet instrument.
Que j’interprète une mélodie écrite ou une improvisation, il y a toujours une part d’inconnu. Le Kaval ne sonnera jamais deux fois exactement de la même façon…
Chaque note à sa vie propre.
Au delà de l’instrument, l’outil, il y a tout le parcours du musicien qui se dévoile dans son jeu.

Je peux dire que durant plus de 30 ans de carrière de musicien, ce que j’ai le plus développé c’est… l’écoute.

Musique du film The dwarf in China où je joue une mélodie chinoise au Kaval :

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